Après TFS - Dr. Sonu Gaind '86

Siena Maxwell


Pour notre profil Après TFS du mois d'Avril 2025, nous nous sommes entretenus avec Dr. Sonu Gaind '86
TFS : Veuillez décrire votre parcours après TFS.

SONU GAIND : Après avoir obtenu mon diplôme à TFS, je me suis inscrit à l’Université de Toronto et, il se trouve que j’ai fini par y poursuivre toute ma carrière universitaire. Je suis actuellement professeur à l’Université de Toronto et je me sens privilégié d’avoir œuvré au sein de cette institution tout au long de ma carrière. J’ai fait mes débuts à la Faculté des arts et des sciences, et à cette époque-là, il était possible de s’inscrire à la faculté de médecine après deux ans, ce que j’ai fait. Quand je me suis inscrit à la faculté de médecine, je n’étais pas encore titulaire d’un baccalauréat. Heureusement que j'ai terminé mes études, sinon, je n’en aurais pas obtenu un du tout !
 
Au cours de ma dernière année à la faculté de médecine, j'ai effectué un internat par rotation au St. Michael’s Hospital, un programme qui n'existe plus mais qui était extrêmement utile. Cet internat m’a permis de découvrir ce qui me passionnait, ce qui m’a orienté vers la psychiatrie. J'ai effectué une résidence en psychiatrie, suivie d'une bourse de recherche en psycho-oncologie et en psychiatrie interculturelle. J'ai ensuite amorcé ma carrière au Princess Margaret Hospital en tant que conseiller en psycho-oncologie, au moment où j’ai lancé un cabinet médical communautaire à temps partiel dans l'ouest de Toronto, que je tiens aujourd’hui encore, même si j'y consacre désormais moins de temps.

J'ai travaillé pendant de nombreuses années auprès de l'équipe  de psycho-oncologie du Princess Margaret Hospital, puis j'ai intégré le Humber River Hospital en tant que chef du service de psychiatrie à peu près un an et demi avant son déménagement au nouveau bâtiment à Wilson, un poste que j’ai occupé pendant près d'une décennie. Vers la fin de mon mandat, j'ai intégré le Sunnybrook Health Sciences Centre en tant que chef du service de psychiatrie, où j'ai travaillé les deux dernières années.

En marge de ces fonctions, j'ai poursuivi une carrière universitaire. J’ai débuté en tant que professeur adjoint puis j’ai été promu au rang de professeur titulaire, et enfin j’ai obtenu une chaire de professeur titulaire au Humber Polytechnic. J'ai également œuvré au sein d'associations médicales et d’organismes administratifs, assumant la présidence d'une association nationale et de trois associations provinciales. J’exerce actuellement les fonctions de gouverneur de la Faculté de médecine de l'université et je suis membre du comité exécutif de l'université.

TFS : À quoi ressemble une journée type pour vous ?

SONU GAIND : Je n’ai pas de journée type, ce qui représente un aspect de mon travail qui me plaît. Mon emploi du temps varie et les journées ne se ressemblent pas. Je concilie les tâches cliniques auprès des patients, ce qui me passionne, avec des tâches administratives comme la supervision de la qualité des soins au sein du service. Ces tâches administratives consistent en des réunions et une collaboration dans l’ensemble de l’hôpital. Je me consacre également à la politique en matière de santé, associant la médecine fondée sur des données probantes à la psychiatrie afin d’influencer le dialogue sure la politique publique en général. C'est grâce à cette intersection entre la recherche et le plaidoyer que j'ai pu conserver des rôles de direction au sein de diverses associations.

TFS : Qu’est-ce qui vous donne le plus de satisfaction dans votre travail ?

SONU GAIND : Il est difficile d’identifier une chose en particulier, mais pouvoir faire une différence dans des domaines importants compte énormément pour moi. Ce matin encore, j'ai vu une personne que je soigne depuis des années qui souffre d'une maladie chronique. Il est très gratifiant pour moi de voir l’effet bénéfique du temps que nous passons ensemble a sur elle, notamment sur l’amélioration de sa qualité de vie.
 
En même temps, il est satisfaisant d’influencer la politique. Voilà pourquoi mon travail administratif et mon mon engagement me tiennent à cœur.. Une prise de décision éthique, fondée sur des données probantes peut peut avoir une portée réelle. Je me félicite que de plus en plus de personnes réclament des politiques favorisant l’équité, en particulier à l’égard des populations marginalisées. Même si ces revendications ne manquaient pas auparavant, elles sont désormais plus accentuées. Je suis fier de contribuer à cet élan pour l’abandon des politiques qui perpétuent les privilèges et à nous orienter plutôt vers celles qui visent à avoir une incidence plus large sur les populations les plus marginalisés de notre société.

TFS : Comment votre expérience à TFS vous a-t-elle aidé à arriver là où vous êtes aujourd’hui ?

SONU GAIND : Vous savez, mon père m’a récemment fait une remarque qui m’a amené à réfléchir à ma vie. Il m’a dit : « On ne devrait pas mener une vie prévisible et sans détours. » Mon parcours à TFS incarne parfaitement ce sentiment. Il n’était pas question de suivre une trajectoire unique, mais plutôt une trajectoire éclectique et parsemée d’expériences diverses que j’apprécie encore à ce jour.
 
À TFS, j’étais féru de littérature et j’attendais avec impatience le concours annuel  d’écriture. J’adorais aussi les mathématiques, la physique et jouer au squash sur le campus de Glendon, où se tenaient les séances d’éducation physique à l’époque. J’ai donc vécu des expériences uniques, notamment à l’époque où Harry Giles apportait des changements importants à l’école. J'ai fait partie des deux premières équipes canadiennes aux olympiades de physique et j'ai participé à des compétitions internationales en Yougoslavie et à Harrow, en Angleterre, où j'ai même pu voir le berceau du squash !
 
On ne s’attend pas à ce que des intérêts comme l’anglais ou la physique débouchent sur une carrière en psychiatrie et en psycho-oncologie, mais cette gamme d’expériences a façonné ma façon de penser. Apprendre à articuler des idées apparemment étrangères est quelque chose que j'ai appliqué à mes études à l'Université de Toronto. TFS m'a appris à trouver ces fils conducteurs et à en tirer un sens.

TFS : Comment la langue française et le bilinguisme ont-ils influencé votre carrière ?

SONU GAIND : J'ai commencé mes études à TFS en niveau 2 grâce à une bourse d’études en mathématiques, sans avoir jamais appris le français. Cet été-là, j’ai suivi un cours intensif pour me préparer à une immersion totale en français en septembre. Sans mes études à TFS, je ne serais pas du tout bilingue. C'est ce qui m'a permis de parler, d'écrire et de lire le français. Même si je ne me sers plus du français dans mon travail aujourd’hui, il a façonné ma vie de manière significative. Nous avions l’habitude d’emmener nos enfants en France chaque année, et ces voyages depuis leur enfance leur ont permis de découvrir la culture française. Le français que j’ai appris à TFS a rendu cela possible.

Le bilinguisme a également influencé nos choix d’école pour nos enfants. Mon fils, Dante, a commencé ces études à TFS, ce qui lui a permis de construire une base solide. Ma fille, Sabine, y a fait toutes ses études secondaires, du début jusqu’à l’obtention de son diplôme. TFS a donc joué un rôle prépondérant non seulement dans ma vie, mais aussi dans celle de mes enfants.

TFS: Quelles compétences ou leçons tirées de TFS employez-vous le plus souvent dans votre travail ?

SONU GAIND : Je dirais mon habitude de réfléchir hors des sentiers battus, pas simplement pour le faire, mais pour ne pas passer à côté de certains éléments que je pourrais omettre si je réfléchissais comme monsieur et madame tout-le-monde.  C’est en réfléchissant ainsi qu’on peut innover. L’importance que TFS accordait à l’originalité et à l’innovation m’a profondément marqué.  Cette approche privilégiait une réflexion créative et une ouverture aux zones d’ombre visant à prendre en compte les éléments que l’on aurait pu négliger et les inclure dans sa réflexion pour voir les choses sous un autre jour. 

TFS : Quelle a été votre expérience la plus mémorable à TFS ?

SONU GAIND : Cela pourrait paraître étrange, mais j'y vois une sorte de symétrie dans ma vie. J’ai vécu l’une de mes expériences inoubliables lors d’une partie sur la pelouse à TFS, aménagée aujourd’hui en parc de stationnement, lorsqu’un camarade de classe m’a taclé. Je me suis déchiré le ligament croisé antérieur, le  le ligament collatéral médial et le ménisque. Comme je ne pouvais pas me relever, on m'a transporté  à l'hôpital Sunnybrook. C'était en fait ma toute première expérience dans cet hôpital.

Cet incident s’est produit quelques jours avant un examen national de physique organisé dans le cadre des qualifications pour les Olympiades de physique. TFS a envoyé un membre de son personnel dans ma chambre d'hôpital pour surveiller l'examen. J’ai passé l’examen depuis mon lit d’hôpital le lendemain de mon opération, et grâce à ce soutien, j’ai quand même pu me rendre à Harrow, en béquilles !

J'ai vécu cette expérience à l'adolescence, cependant le souvenir du grand soin qu’on m’avait prodigué m’habite jusqu’à ce jour. L’expérience m’a fait penser, déjà à l’époque, que le Sunnybrook  était un bon endroit pour se faire soigner et éventuellement, pour faire carrière.

TFS : Quels conseils donneriez-vous aux élèves ?

SONU GAIND : Sachez que vous pouvez réellement changer le monde, mais sachez également que le monde ne changera pas sans vous.

TFS: Qu'avez-vous ressenti lorsqu’on vous a décerné le prix de distinction des anciens élèves ?

SONU GAIND : Ce fut une expérience extraordinaire et j’ai été profondément touché par cette récompense à la fois de TFS et de mes pairs. Je crois que c'est mon camarade de classe Daniel qui avait proposé ma candidature, ce qui avait rendu cette récompense d’autant plus remarquable. C'était l'un des premiers prix de l’histoire, et cette reconnaissance m'a profondément marqué. J’ai également pris connaissance de l’ampleur d’une telle récompense, non seulement comme une reconnaissance de mes travaux, mais aussi comme une incitation aux autres à viser plus haut.

Cette expérience nous a amené, ma famille et moi, à créer un prix à l’Université de Toronto en l’honneur de ma mère, décédée peu de temps après l’obtention de mon diplôme à TFS. Je me souviens très bien d’elle et de mon père à l’école, mon père coiffé de son turban, ma mère vêtue d’un sari très coloré, une belle explosion de couleurs parmi la foule. Cette image continue de m’habiter, et alors que nous réfléchissions à la manière d’honorer sa mémoire, nous avons créé il y a quelques années le prix Harinder K. Gaind Bending the Arc, qui récompense un membre de la faculté de médecine de l’Université de Toronto qui œuvre pour la justice biopsychosociale. Je crois vraiment qu’il y a un lien direct entre cela et le prix que TFS m’a décerné. Ces récompenses comptent beaucoup car elles nous incitent à viser plus haut.
TFS: Que diriez-vous aux anciens élèves ou aux membres de la communauté de TFS pour les encourager à proposer une candidature au prix de distinction des anciens élèves ?

SONU GAIND : Je dirais que vous avez vécu une étape formatrice de votre vie avec des personnes qui deviendront ou sont devenues des amies à vie. Vous connaissez les points forts de vos camarades de classe, et probablement aussi leurs faiblesses. C’est la raison pour laquelle une récompense de vos pairs compte tant. Ils sont les premiers à  percevoir votre valeur. Proposer la candidature de quelqu'un est l'une des choses les plus importantes que vous puissiez faire pour un pair, un collègue ou un ami.
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