TFS : Veuillez décrire le chemin que vous avez suivi après TFS.
ANDREA LEKUSHOFF : Après avoir obtenu mon diplôme à TFS, j'ai fréquenté l'Université Western, où j'ai poursuivi des études en langue et littérature françaises. À la fin de mes études, j'ai passé un an et demi à Paris en tant que bonne d’enfants. Cette expérience m'a permis de m’exprimer en français dans des situations réelles et m'a donné l'occasion de voyager dans toute la France, ainsi qu'à Londres, à Hong Kong et aux Philippines. Cette année et demie s’est avérée être l’une des périodes les plus formatrices de ma vie, et c’était grâce à ma formation à TFS que j’ai eu cette chance.
Par la suite, j’ai déménagé à Washington, où j’ai travaillé au service de presse de l’ambassade du Canada. Là-bas, j’étais entourée de personnes du monde entier qui travaillaient à la Banque mondiale, au FMI et dans diverses ambassades. Cette expérience a approfondi ma perception des enjeux politiques canadiens – dont plusieurs demeurent pertinents aujourd’hui – ainsi que des relations internationales et de la communication interculturelle.
De retour à Toronto, j'ai travaillé en communication d'entreprise dans une agence de relations publiques avant de poursuivre mon MBA à l'Ivey Business School de l'Université Western. Au cours de la deuxième année, j’ai poursuivi autant de cours d’entrepreneuriat que possible, nourrissant ainsi ma volonté de faire quelque chose de ma vie. Après avoir terminé le cursus, j’ai intégré le cabinet de conseil en stratégie de Deloitte, où j’ai passé trois années incroyables. Bien que ce poste n’ait pas eu de lien direct à l’entreprenariat, cette expérience m’a fait comprendre ce que signifie être consultante... une base pour l’entreprise que je finirais par créer. Il me semblait être le prolongement logique de mon MBA.
En 2004, j'ai fait le grand saut et fondé Broad Reach Communications, Deloitte étant notre premier client. Au cours des deux dernières décennies, nous nous sommes forgés une réputation d’experts en communication d'entreprise et en situation de crise, en formation aux médias, ainsi qu'en établissement de profils de PDG et de cadres. Nous avons eu le privilège de travailler dans divers secteurs, au service d’entreprises privées, d’entrepreneurs et d’entreprises familiales. Nous avons également été récompensés par plus d’une douzaine de prix nationaux et internationaux du secteur des relations publiques.
L'année dernière, j'ai fondé CONTEXT Studios, une entreprise spécialisée dans la réalisation de longs métrages documentaires haut de gamme qui illustrent la vie et le patrimoine de particuliers, de PDG, d'entrepreneurs et d'entreprises familiales, le tout en une journée. Dans le domaine émergent de la préservation du patrimoine, ces documentaires sont divisés en épisodes, accessibles sur n’importe quel appareil sur notre plateforme de diffusion en continu semblable au modèle de Netflix et conçus pour être facilement partagés avec les générations actuelles et futures.
TFS : À quoi ressemble une journée type pour vous ?
ANDREA : Comme j’ai indiqué plus haut, je dirige deux entreprises et aucune journée ne se ressemble. À Broad Reach, nous travaillons en étroite collaboration avec les PDG et les cadres supérieurs pour renforcer et valoriser leurs marques personnelle et institutionnelle. Quel que soit le jour, un PDG peut nous informer de ses objectifs commerciaux, de l'élaboration d’une stratégie de communication globale pour les soutenir ou de la détermination de la meilleure façon d'en faire un chef de file du secteur sur LinkedIn. À CONTEXT Studios, mon travail peut consister à tourner un documentaire, à revoir un premier montage, à discuter avec des clients potentiels ou à gérer une campagne de marketing. Deux moments forts de l'année écoulée ont été la réalisation de documentaires pour la famille Stein, les fondateurs de la quatrième génération de Henry's, le magasin d'appareils photo emblématique du Canada, et pour Dave Leonard. Ce dernier documentaire retraçait sa carrière et son mandat en tant que PDG de McCarthy Tétrault. Préservant ses perspectives et celles de ses collègues, il a permis aux futurs dirigeants de mieux comprendre son œuvre et son legs.
TFS : Qu’est-ce qui vous donne le plus de satisfaction dans votre travail ?
ANDREA : Broad Reach se spécialise dans l’établissement du profil des cadres et a été sollicité par de nombreux PDG et cadres supérieurs canadiens. Récemment, nous avons aidé la PDG d’une Young Presidents Organization à atteindre son objectif d’obtenir un poste au conseil d’administration d’une grande entreprise de services publics. En tirant parti de ses références, de son savoir-faire et de son cheminement professionnel de manière stratégique, nous avons élaboré une stratégie ciblée sur LinkedIn pour faire passer le bon message au bon public. Cette stratégie lui a valu d’être contactée par le conseil d’administration et invitée à intégrer ce dernier. La mise à point de solutions innovantes et stratégiques qui aident nos clients à concrétiser leurs ambitions est l’aspect le plus gratifiant de mon travail.
TFS : Comment votre expérience chez TFS vous a-t-elle aidée à arriver là où vous êtes aujourd’hui ? Parmi les cours, les activités parascolaires ou les projets auxquels vous avez participé ou les expériences que vous avez vécues à TFS, y en a-t-il qui vous ont aidée à vous préparer ?
ANDREA : Sans aucun doute, ma formation à TFS a joué un rôle influent à la fois sur mon parcours de vie et sur mon cheminement professionnel. L’apprentissage du français langue seconde m’a ouvert les portes en me permettant de vivre et de travailler à Paris et à Washington, – des expériences qui n’auraient pas été possibles autrement et qui ont profondément façonné qui je suis aujourd’hui. TFS a éveillé ma curiosité d’explorer le monde, de vivre dans différentes cultures et d’adopter des perspectives diverses. Cela m’a permis de rencontrer des individus incroyablement brillants, chacun ayant sa façon de penser, et m’a appris à m’ouvrir à des opinions divergentes et à les respecter. Plus important encore, cela m’a insufflé un profond sentiment de gratitude pour avoir eu la chance de bénéficier d’un enseignement exceptionnel. Ma grand-mère, qui a grandi en Macédoine sans avoir eu la possibilité de fréquenter l’école, ou d’apprendre à lire ou à écrire, a inculqué à notre famille un attachement profond à l’importance des études. Je suis profondément reconnaissante d’avoir eu la chance de faire mes études à TFS et d’avoir bénéficié des expériences transformatrices qu’elle m’a procurées.
TFS : Comment la langue française et le bilinguisme ont-ils influé sur votre carrière ?
ANDREA : Après avoir obtenu mon diplôme à l'Université Western, j'ai eu le privilège de vivre à Paris en tant que bonne d’enfants, ce qui m’a permis de mettre à profit mes compétences en français pour m’imprégner à fond de la culture locale. J’ai ensuite assumé un rôle passionnant en tant qu’assistante de presse à l’ambassade du Canada à Washington. Dans ce rôle, je collaborais avec les médias canadiens et américains, j’évoluais au sein de la communauté diplomatique et j’observais de près le commerce international et les échanges culturels. Un moment marquant de ma carrière a été la visite à la Maison-Blanche lors de la visite officielle du premier ministre Jean Chrétien à Washington. Même si je me sers désormais peu du français, la langue de Molière continue d'enrichir mes voyages, notamment en France, où j'aime mettre en pratique et perfectionner mes compétences linguistiques.
TFS : Quelles compétences ou leçons tirées de TFS employez-vous le plus souvent dans votre travail ?
ANDREA : J’ai acquis une solide éthique de travail, perfectionné mon esprit critique et maîtrisé la capacité de gérer plusieurs priorités simultanément, ce qui a fait naître ma passion pour la formation continue. De plus, j'ai étudié le russe et j'en retiens des phrases clés que j'aime utiliser pour m'amuser chaque fois que l'occasion se présente.
TFS : Quelle a été votre expérience la plus mémorable à TFS ?
ANDREA : J’ai quatre expériences profondément mémorables qui continuent de m’habiter.
Le premier était mon cours de russe avec Mme Alexander. C'était une petite classe, nous étions seulement cinq élèves de la promotion de 1988 : moi, Ted Endean, Jamie Boyden, James Diamond et Lynne Nield. La camaraderie et les rires que nous avons partagés dans ce cours étaient inégalés et ont créé des liens qui perdurent encore aujourd’hui. Nous nous remémorons encore avec tendresse Mme Alexander et le temps que nous avons passé ensemble.
La deuxième expérience inoubliable fut un voyage en Russie en 1985. Jusqu’alors, je n’étais allé qu’aux États-Unis. Ce voyage a donc été une immersion culturelle révélatrice. Nous avons visité Moscou, Léningrad et Kiev en une semaine. Nous sommes allés au théâtre, avons exploré le grand magasin emblématique Goum, avons visité le mausolée de Lénine, la place Rouge et la salle de ballet, et avons eu un aperçu inédit de la vie quotidienne en Russie en 1985. Lors de notre visite, Konstantin Tchernenko est décédé et nous avons pu assister de nos propres yeux à un moment intéressant de l'histoire russe.
La troisième est que j'étais membre de l'équipe de basket-ball de l’école, un rôle que j'appréciais profondément, et j'ai été nommée joueuse la plus utile de l'équipe en 13e année, quelque chose dont mes enfants se moquent souvent, car nous n'avons pas gagné de match cette année-là !
La quatrième est ma forte volonté de contribuer aux communautés qui comptent pour moi, d’y laisser une empreinte positive et de les améliorer. Ayant grandie à Etobicoke, je faisais plus d’une heure de trajet pour aller à l’école et en revenir, ce qui rendait difficile ma participation à des activités parascolaires. Même si le fait de vivre loin de l’école a limité ma participation parascolaire, cela a éveillé un profond sentiment d’engagement communautaire qui continue de me façonner en tant qu’adulte. Au fil des années, j'ai eu le privilège de siéger à plusieurs conseils d'administration, dont le conseil d'administration des anciens élèves de TFS, YPO Toronto, Women of Influence, BOOST Child and Youth Advocacy Centre, le Canadian American Business Council et le comité de développement du conseil d'administration de Luminato. De plus, j'ai lancé le programme ELEVATE pour l'organisme Women Get On Board afin d'aider à autonomiser la prochaine génération de directrices d’entreprise.
TFS : Quels conseils donneriez-vous aux élèves ?
ANDREA : Créez des expériences et des aventures qui vous mettent au défi et montrent votre véritable potentiel, et qui vous aident à comprendre ce que vous êtes capable d’accomplir. Soyez spontanés, faites confiance à votre instinct et acceptez la peur comme un outil de croissance. Et n’oubliez pas que votre carrière ne doit pas nécessairement suivre un chemin linéaire. Certaines des meilleures décisions que j’ai prises ont été celles prises sur le moment et motivées par mon intuition – des choix qui ont amené mes parents à remettre en question mon cheminement, mais qui étaient finalement les bons pour moi.
Lorsqu'on m'a proposé un emploi comme bonne d’enfants à Paris à la sortie de l'université, j'ai immédiatement pris la décision d'accepter. En une semaine, je vivais dans le quartier du Marais, chez une famille que je ne connaissais pas, et j'étais complètement enchantée de ma nouvelle vie. Ce fut une expérience formatrice, qui m’a fait découvrir de nouvelles cultures et perspectives, marquant le début d’un voyage de sept ans qui m’a également conduite à Washington avant de retourner à Toronto. Même si je ne gagnais pas beaucoup dans ces deux postes, ces expériences se sont avérées être parmi les plus enrichissantes de ma vie.
TFS : Qu’auriez-vous aimé savoir pendant vos études à TFS qui aurait pu mieux vous préparer à la vie après l’obtention de votre diplôme ?
ANDREA : Je réfléchis souvent à quel point mon parcours aurait pu être différent si l’entrepreneuriat avait été une filière professionnelle aussi populaire à mes débuts qu’il l’est aujourd’hui. Mon père était entrepreneur, ayant bâti une grande entreprise de construction et ayant collaboré à des projets majeurs à l'Université York, au Kortright Centre et à Canada's Wonderland, entre autres. Dès mon plus jeune âge, je savais que je voulais lui emboîter le pas, mais je ne savais pas comment m’y prendre et je n’avais aucun modèle féminin pour m’inspirer. Cependant, si je l’avais fait, je n’aurais probablement pas eu l’occasion de vivre à Paris et à Washington, des expériences qui ont considérablement façonné la femme que je suis aujourd’hui. Je me demande aussi qui je serais aujourd’hui si j’avais appris les principes de courage, d’estime de soi et de confiance en soi à un jeune âge... à cette époque-là, on ne parlait tout simplement pas de ces principes-là, car ils auraient été un grand atout pour m’aider à faire face à de nombreux moments importants de ma vie.